Stage
marionnettes
Samedi 10 et
dimanche 11 mars, vingt personnes ont participé au stage marionnettes dans la
salle Vitez du lycée Rousseau de Laval.
Le théâtre de Laval, conventionné marionnette, a
programmé de nombreux spectacles cette année. AMLET a profité de la
présentation par la compagnie "Les anges au plafond" de leur dyptique
célèbre "Antigone de papier," (tentative de défroissage du mythe) et
"Au fil d'Œdipe" (tentative de démêlage du mythe), pour proposer un
week-end de formation à la construction
et à la manipulation de marionnettes. Ce stage était limité normalement à 12
participants, il a été suivi par 20 personnes. Et on a refusé quand même des
demandes ! Il a été encadré par Marie Girardin, comédienne marionnettiste de la
compagnie "Les Anges au plafond". Elle prépare en ce moment le nouveau
spectacle "Camille Claudel" qui sera présenté à Laval la saison
prochaine. Le stage s'est déroulé en quatre temps : échauffements, manipulations
de marionnettes sac et portées, à partir de celle de la compagnie,
constructions, et travail sur la naissance de la marionnette, les rencontres et
la réalisation d'une scène. Programme chargé pour un week-end !
Echauffements
En plus des exercices habituels, nous avons travaillé
essentiellement le grommelot. Pour faire s'exprimer la marionnette, on évite
d'utiliser trop les mots, sinon l'expression devient vite cérébrale, on oublie
de travailler avec le corps et de faire vraiment vivre la marionnette. Mais
l'intention doit être très nette, il ne faut pas en rester à du simple
bredouillis. C'est ce que nous avons mis en œuvre dans les exercices proposés :
à deux, l'un utilise un objet imaginaire , en mime, et l'autre explique son
usage en grommelot. Ensuite, on peut intégrer un mot dans le grommelot pour
manifester plus directement l'intention. Autre exercice préparatoire, la
fulgurance. Chacun son tour, on traverse la scène dans sa diagonale, au milieu,
l'espace de quelques mètres, on se lâche, on fait ce qui vient à l'esprit puis
on reprend soudainement sa démarche habituelle. Ce comportement est souvent
sollicité dans le maniement de la marionnette.
Manipulations
D'abord, chacun se retrouve avec deux boules de polystyrène
blanches avec un iris noir dans lesquelles on peut mettre les doigts (index et
majeur) pour se familiariser avec la direction du regard, ni trop haut, ni trop
vers le sol. On peut même déjà former un personnage dont le corps est l'autre
main.
Ensuite, on se familiarise avec les personnages de papier
de la compagnie : Créon, Antigone, l'Oiseau (de mauvais augure)… Trouver la
direction du regard, effectuer des tours de cercles avec des retours arrière
brusques pour bien montrer l'objet qui a été vu (le dubber ?). On s'initie aux
marionnettes sac : comment trouver la respiration, la marionnette relève un peu
la tête pour inspirer, comment la faire tousser, la faire rire…
Puis on les manipule sur la table : entrée en scène,
présence du regard. On lui fait effectuer des petits pas, puis des grands
bonds, on la fait marcher, puis elle regarde ses pieds pour voir comment elle
marche. Pour créer le mouvement, il faut jouer sur les pulsions / impulsions,
c'est-à-dire effectuer un bref retour arrière avant le bond en avant, même
chose pour le saut, la glissade…
On s'essaie ensuite aux marionnettes portées par deux ou
trois manipulateurs comme dans le bunraku. L'un manie la tête, l'autre les
pieds. Il faut d'abord trouver le centre de gravité. Celui qui manie la tête
doit toujours penser à la maintenir assez élevée, à penser à son regard et il
la tient aussi par le poignet pour manipuler le bras. Elle s'allonge, se
réveille brusquement, regarde où elle va, court… Ensuite on s'entraîne à la faire rentrer dans
un état (tiré au sort, voir annexe). La difficulté, c'est de lui donner de
l'énergie, sans tomber dans l'agitation, de savoir trouver des temps d'arrêt.
Rencontres de
marionnettes
Deux marionnettes vont se rencontrer sur la table. Chaque
manipulateur a tiré au sort l'état de sa marionnette mais ne connaît celui de
l'autre. D'abord, elles rentrent en même temps mais chacun pour soi, elles se
rapprochent sans se voir. Au moment indiqué par l'animateur (claquement) va
avoir lieu la rencontre et il doit forcément se passer quelque chose.
La construction
"Construire sa marionnette, c'est faire ressortir un
peu de son enfance !". D'abord, chacun commence par établir une carte
d'identité de son personnage, physique et moral. Le nez surtout est important
car c'est lui qui donne la direction du personnage ! On commence par découper
deux languettes de carton, l'une, l'inférieure, pour le pouce (plus petite),
l'autre pour les autres doigts (plus large). Elles sont scotchées par leur base
en laissant un espace de un à deux centimètres, pour l'articulation. Ensuite,
on constitue des fourreaux de papier journal pour recouvrir la main et on
rajoute peu à peu de la matière. Les orbites sont creusées. Le papier est fixé
par du ruban adhésif puis recouvert par des bandes de papier kraft ou du papier
de soie. Dans les orbites, on place des billes pour former les yeux, puis on
forme des paupières (voir photos des réalisations superbes !). On termine par
le corps, différent selon la taille de la marionnette. On lui forme des bras,
des mains, des jambes ou ce seront celles du manipulateur qui feront office.
Naissance et
rencontres
Une fois la marionnette fabriquée, il faut la faire
naître ! C'est-à-dire découvrir ses quatre éléments : son regard, son centre de
gravité, sa voix et sa démarche. Chacun prend son temps pour faire
connaissance, se familiariser avec sa créature. On ne peut pas faire faire n'importe
quoi à sa marionnette ! Elle a son caractère, sa personnalité. Il faut les
découvrir. Tour à tour, chaque marionnette fait la découverte du public, montre
sa réaction, prend le temps de respirer, essaie d'exprimer un son, puis
effectue sa sortie ! Chacun cherche. Doit-on la faire vivre sur une table ou
non ? La tient-on près du corps ? Est-on complètement enveloppé pour former une
sorte de Janus ? On se découvre, on s'apprivoise. Peut-on s'approcher du public
? Peut-on échanger entre marionnettiste et manipulateur ?
Le stage se termine par une rencontre de marionnettes.
Trois groupes sont constitués et mélangent différents types et tailles de
marionnettes. Chaque groupe tire au sort une carte "situations" : 1- Dispute,
2- Suspicion, 3- Flagrant-délit. Avec une contrainte supplémentaire, il faut au
moins un dédoublement marionnette/manipulateur. On a vu une dispute entre un
père, sa fille et différents prétendants ! On a vu un groupe sur une plage ne
pouvant pas acheter la glace convoitée parce que l'un d'eux aurait gardé tout
l'argent ! On a vu un couple illégitime surpris dans une scène sans ambiguïté
sous les commentaires de l'oiseau ! Pris dans le feu de l'action, on a du mal à
tout prendre en compte : respiration, regard, on risque de tomber vite dans
l'agitation et de se perdre dans les paroles ! Pas facile de faire intervenir
cinq marionnettes en même temps ! plus les manipulateurs !
Chacun est reparti avec sa création ! Et Marie a remporté
les superbes marionnettes de sa compagnie. Le week-end a été très riche et bien
encadré malgré une affluence pléthorique et un théâtre transformé en chantier
public ! Les participants n'ont fait qu'approcher l'art de la marionnette et
sont partants pour un stage de niveau deux l'an prochain. Les places seront
encore chères ! Marie semble d'accord. Et certains n'en reviennent toujours pas
d'avoir pu ainsi donner naissance à de tels personnages !
Le jeu de cartes
Cartes (réalisées par la
compagnie) à tirer au sort avant une mise en jeu.
Cinq catégories (de 14
propositions)
(on ne cite que quelques
exemples)
1- Lieux
Ascenseur, discothèque,
pôle nord, intérieur de ventre, enfer, radeau…
2- Etats
Orgueil, désespoir,
douleur physique, timidité, panique, colère…
3- Situations
Il est urgent de ne pas y
aller, trahison, les yeux plus grand que le ventre, la file d'attente, les
retrouvailles, faire sa valise…
4- Personnages
le perturbateur,
l'ivrogne, la dame pipi, l'aveugle, le dictateur, le clandestin…
5- Contraintes
Burlesque, commencer par
jamais plus ou ça y est c'est fait, avec un objet, façon cabaret, finir par
toujours plus loin ou enfin seul